Jens Korndörfer : le sens de l'unité
Jens Korndörfer était de nouveau invité dimanche à la série estivale d'orgue de la Basilique Notre-Dame.
Comme on le sait, la programmation cette année est partagée entre Widor et son disciple Vierne et souligne le 75e anniversaire de la mort de l'un et de l'autre. L'organiste montréalais d'origine allemande joua d'abord, de Widor, la 10e et dernière Symphonie, que le compositeur lui-même baptisa Romane en hommage, semble-t-il, à la Basilique Saint-Sernin de Toulouse, joyau de l'art roman. Trois des 24 Pièces de fantaisie de Vierne complétaient le programme, fixé à une heure sans entracte. Widor a basé les quatre mouvements de sa 10e Symphonie sur un thème de la messe de Pâques que les musiciens d'église sont certainement les seuls à reconnaître. M. Korndörfer guida l'auditeur et donna une convaincante unité à sa lecture en plaçant le thème sur des jeux très clairs qui, à la toute fin, soit 30 minutes plus tard, étaient les mêmes qu'à la deuxième mesure de la première page. Avant tout, son interprétation était riche en contrastes. Dans les deux massifs et brillants mouvements extrêmes, il fit appel aux pleines ressources de l'orgue, alors qu'aux deux mouvements médians, plus rêveurs, il se limita aux jeux doux d'un ou deux claviers. Concernant Vierne, c'est sans doute à dessein qu'il avait choisi des pages plutôt naïves: Feux follets, Clair de lune et le fameux Carillon de Westminster. Il traduisit le caractère de chacune par un jeu limpide et des registrations de grand goût. Le directeur de la série, Pierre Grandmaison, présenta son invité en annonçant que celui-ci vient d'accepter le poste d'organiste à la First Presbyterian Church d'Atlanta, où il aura trois orgues à sa disposition. M. Korndörfer nous quittera en septembre avec sa femme, Julia Dokter, elle-même organiste.